Entretien avec Thierry Poyet
Bonjour, C’est le second entretien avec un auteur que j’ai pu faire. Je remercie Thierry Poyet de m’avoir proposé son roman pour un service de presse, ainsi que pour cet entretien ! Je tiens à dire aussi que c’était un bon moment, où j’ai pu échanger de manière agréable. Encore une fois, je vous livre d’une manière plus linéaire l’entretien.
J’espère que cela vous plaira. Si, après la lecture de ce dernier, vous avez des idées de questions que je pourrais poser lors de prochains entretien, les commentaires sont là pour cela !
Q :Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ? /vouliez-vous devenir écrivain quand vous étiez petit ?
R : Ce n’est pas depuis que je suis enfant que cette envie me taraude mais elle est tout de même ancienne aujourd’hui. Ayant fait des études de lettres, j’ai lu beaucoup et plus je lisais, plus j’avais envie d’écrire. Je dirais que ça fait depuis mes 20 ans environ. Mais je ne voulais pas faire comme beaucoup d’auteurs, commencer par une autobiographie, j’ai eu des difficultés à trouver un éditeur il y a quelques années, et j’ai fini par lâcher/abandonner à cause de ma vie quotidienne ainsi que mon travail : j’ai écrit beaucoup d’essais universitaires, d’articles sur Flaubert…. Finalement, je crois que ce genre d’écriture m’a canalisé, et c’est réellement en 2019 que j’ai écrit mon premier roman.
Q : Où écrivez-vous ? À quel moment de la journée ? Combien de temps consacrez-vous à l’écriture ?
R : Je suis loin du mythe de l’écrivain avec les longues nuits blanches, j’écris surtout durant les vacances donc en été, bien que les idées parfois arrivent bien des mois auparavant. Je les note, je les laisse mûrir, un tri se fait progressivement… De plus le reste de l’année, je dois revenir sur mon roman précédent, en cours de fabrication, le travail des corrections et tout le suivi éditorial avec mon éditrice (l’écriture de la 4ème de couverture, le choix de la couverture…). Je travaille essentiellement dans mon bureau, mais je peux écrire n’importe où. Ce qui me prend le plus de temps, c’est de réfléchir à la manière de faire évoluer l’histoire et les personnages, définir l’endroit où je veux les amener.
Q : Qu’est-ce qui vous a donné l’inspiration pour votre roman Il faut tuer Wolfgang Muller ? Et de sa thématique ?
R: Tout vient du premier roman : La petite Stéphanoise. Comme dit plutôt, je ne voulais pas écrire une autobiographie, je l’avais déjà fait et ce sont des textes restés au fond de mes tiroirs ! Dans ce premier roman, je voulais raconter ce qui était important pour moi : la ville de Saint-Étienne, son histoire notamment sous les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale, des faits du quotidien, le banal de la vie quand un événement cependant la bouleverse… Le second roman était plus d’actualité en parlant des Gilets jaunes. Mais pour se troisième roman je voulais revenir sur cette guerre. Cette idée m’est venue suite à une lecture que je faisais et qui a tout déclenché. Comme quoi, il faut se laisser porter par le hasard… J’ai appris qu’à la fin de 1945, il y avait 70 000 prisonniers de guerre allemands en France. Et quand en 1948 ils furent libérés, 30 000 restèrent en France. Ce fut là mon déclic pour le nouveau manuscrit ! Je me suis demandé : qu’est-ce qui avait pu les pousser à rester en France ? Je tenais là un sujet intéressant, avec sa part de mystère et de romanesque, l’imagination a fait le reste. Elle est comme ça : elle n’aime pas le vide, alors elle cherche toujours à le combler.
De plus, je voulais aussi montrer la duplicité des personnages – nul n’est jamais tout blanc, ni tout noir – aux prises avec une histoire complexe, un passé plus ou moins lourd, comment on peut vieillir avec des souvenirs peut-être encombrants, le fait qu’une personne puisse refuser de parler de sa vie. Pour moi, l’idée de la transmission des souvenirs est importante, comment on se passe de génération en génération la mémoire familiale…. Ainsi dans ce roman on voit sous trois regards différents et de différentes générations, l’histoire d’un homme, ancien prisonnier de guerre, qui a décidé de rester vivre en France.
Q : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire un roman avec très peu de dialogue ?
R : Cela correspond à ma culture littéraire, étant enseignant de littérature du XIXe siècle, les dialogues ne sont pas forcément au premier plan. À cette période, souvent les descriptions et la psychologie des personnages sont mises en avant. Pour autant, j’aime bien les dialogues et je ne dis pas que je ne voudrais pas développer dans mon écriture un côté théâtral, cela m’intéresserait de m’essayer à ce genre.
Q : Est-ce que vous allez continuer à écrire sur cette thématique (Guerre mondiale) ? Ou sur Saint-Étienne ?
R : Honnêtement, je ne sais pas. Bien sûr, ce troisième roman est situé non loin de Saint-Étienne : Clermont-Ferrand. Je voudrais bien continuer à travailler sur les relations entre générations et sur les souvenirs. Mais je ne pense pas que mon quatrième roman sera sur la guerre. Mais c’est encore un peu tôt pour dire que je n’y reviendrai jamais !
Q : Avez-vous eu une inspiration particulière pour vos personnages ?
R : C’est compliqué, on est toujours influencé par les personnes qui nous entourent. Cependant, je préfère créer un personnage tissé de plusieurs sources : l’art du patchwork ! Et puis, je ne voudrais pas que mes proches se reconnaissent dans mes personnages, j’aurais peur de les trahir. Un écrivain a-t-il le droit de se saisir de la réalité telle quelle ? Ca se discute !
Q : Julienne va telle revenir ? :
R :Ce n’est pas prévu qu’elle revienne dans mon prochain roman. Encore une fois, je n’ai aucune idée exacte de ce que seront mes prochains romans (si ce n’est pour celui qui est en cours de construction). À la suite à mon premier roman, certains lecteurs m’ont dit qu’ils attendaient avec impatience la suite. Pour l’instant, ce n’est pas venu ! J’ai beaucoup de mal à me projeter sur les prochains romans. J’ai toujours une petite esquisse, mais ça ne va pas au-delà. Cependant, Julienne est un personnage assez riche pour pouvoir l’utiliser dans une nouvelle histoire, ce n’est pas une mauvaise idée.
Q : Avez-vous des anecdotes à raconter ? /avez-vous d’autres passions que l’écriture ?
R : Je n’ai pas d’anecdote particulière à raconter, mais comme tout bon stéphanois, j’aime le football.
Nous avons terminé l’entretien en discutant du fait que c’est un rêve de pouvoir réussir à devenir auteur, mais que c’est dur de trouver son public, le faire que les livres restent très peu de temps en librairie. J’ai apprécié mon échange, j’espère que cet entretien vous aura plu. Dans quelques jours sortira l’avis sur le livre de Thierry Poyet : Il faut tuer Wolgang Muller.